Carnet de route

Traversée Ouest-Est des Encantats

Le 04/03/2022 par Colette Amaré

Le manque d’enneigement nous oblige à délaisser l’objectif initial (la traversée des P.O.) mais l'envie d'une traversée est toujours présente. Une soirée à potasser, cartes IGN, topos, liaisons, refuges, navettes… et voila que le plan B sort, il est validé par le groupe « les Encantats d’Ouest en Est », un parcours déjà effectué lors de la Traversée des Pyrénées en septembre 2017. Nous disposons de véhicules en capacité de faire la liaison avec le nombre adéquat de skieurs. Les refuges sont gardés, la météo s’annonce clémente et l’enneigement devrait être correct étant donné que nous ne redescendrons pas en dessous des 2000 mètres d’altitude.

Le Top départ est donné jeudi après-midi, direction le val d’Aran, on dépose un véhicule au col de la Bonaigue et on loge au village de Salardu car au petit matin, on rejoindra le tunnel Sud de Vielha pour démarrer nos trois jours de traversée.

Nous sommes six skieurs dans l’équité, chargés à gogo avec + 300 mètres de portage, on se dirige plein Est vers le col de Conangles (2660m) sur une ancienne trace. Passé le lac, la forte pente nous oblige à mettre les couteaux pour déboucher au col. La descente « déconcertante », la neige est abominable malgré les judicieuses variantes trouvées par Roland. On se pose beaucoup de questions pour les jours suivants ?

Au bord de l’Estanh Tort de Rius, le soleil nous réconforte. On prend le temps de casser la croûte et d’apprécier le paysage avant de repeauter pour rejoindre la Serrada de Mar (2500m). Là-haut, le massif dentelé du Bessiberi s’impose à nous et la descente envisagée jusqu’à l’Estanh de Mar s’avère périlleuse car équipés (crampons/piolet), on constate amèrement qu’il nous faut renoncer avant de nous retrouver en difficulté. C’est ainsi que nous remontons les 100 mètres descendus pour revenir à la Serrada. Ce passage n’est praticable qu’en été, il ne nous reste plus qu’à rejoindre le refuge de la Restanca par son passage le plus commun et facile, le GR11.

Mais ! Des problèmes de fixations nous retardent et nous amorçons la descente du vallon de Rius au soleil déclinant. La neige est agréable à skier, on dévale d’un rythme régulier même si le brouillard s’épaissit, on reste tous à vue. Par sécurité, on refait un point GPS qui nous confirme que la trace Raquette suivie mène au refuge. Arrivés au plan de Rius, on repeaute pour franchir les derniers 200mètres qui nous séparent du refuge.

Mais ! De nouveaux soucis de fixations, nous gérons et repartons sereinement aux lueurs de nos frontales. On suit l’ancienne trace de ski sciemment tricotée, la neige cristalline scintille sous nos pas comme un tapis de diamants. Du promontoire, on distingue en contre-bas la petite lumière rouge signalétique du refuge, on pousse sa porte, il est 20H. Le gardien se doutait que nous avions fait un petit détour et tenait bien au chaud nos pitances. Une soirée réconfortante, nous avons le privilège d’être le seul groupe et de bénéficier de douches chaudes !

1570m 20kms et la phrase du jour « Surtout garde près de toi, ta frontale et ton tournevis ! »

Samedi, 9H du matin, il serait temps de mettre son bout du nez dehors ! Le petit vent frais est tonifiant. La dureté de la neige et l’inclinaison du goulet qui mène à l’Estanh de Cap de Port nous contraignent à mettre les couteaux pratiquement au pas de porte du refuge.

Plus haut, chacun prend son option, traverser ou contourner le lac glacé mais tous au Port de Rius ou la pale du Montardo (2837m) orientée plein Sud nous incite à la gravir. La chaleur se fait vite ressentir, certains s’arrêtent au col et d’autres vont conquérir le sommet en crampons/piolet. On enchaine sur une descente en excellente neige de printemps vierge de toute trace. Ravis d’être dans ce magnifique cadre, on repeaute, on dépeaute, on prend de l’élan… et enfin on parvient au Port de Caldes (2575m) ou l’on distingue le minuscule refuge de Colomers. Et nous voilà repartis pour l’ultime glisse de la journée, du beau ski dans un long vallon. A 16H nous posons nos skis et apprécions jusqu’à la soirée, le cirque lacustre de Colomers ainsi que son confortable refuge qui dispose également de douches chaudes !

1000m 9kms Fait marquant du jour « Au col du Montardo, petit dodo ! »

Dimanche matin, sur un rythme tranquille on traverse et zigue-zague entre laquets et pins, le soleil rayonne, « on en prend plein les mirettes » jusqu’au col de Sendrosa (2 451m). Après avoir franchi sa corniche, on retrouve très vite une bonne neige et on se réjouit dans cette dernière descente. On prend la piste qui nous permet de récupérer la sente qui remonte au col de la Bonaigue. A mi-montée, on charge les skis sur nos sacs, certains arrivent directement au parking et d’autres se régalent à skier sur une piste de Baqueira.

L’ultime étape, il ne nous reste plus qu’à récupérer l’autre véhicule au tunnel pour regagner nos logis, la tête remplie de beaux paysages et de glisse. 

En conclusion, il ne faut jamais désespérer, il y a toujours un plan B !

Encore un belle équipe solidaire, Merci à tous.

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