Carnet de route
Ski autour de Montgarri du 27 au 29 janvier 2024
Le 02/02/2024 par Colette Amaré
Compte-Rendu de Patricia Villeneuve et François Goyon :
Pour ce WE de 3 jours organisé par Colette, 12 participants s'étaient présentés sur les rangs, sans savoir qu'il allait leur falloir relever plusieurs défis !
Défi nivologique d'abord : nous sommes au mois de Janvril où les nuits sont longues et froides ; les jours eux, sont courts mais très chauds à cette période particulière de l'année.
Résultat : la neige ressemble à du carrelage dans les versants Nord ; dans les versants Sud, elle est bonne là où il en reste, c'est à dire au dessus de 2200 m, et encore... Comment trouver de bonnes conditions ? A côté de ça, la quadrature du cercle, c'est du gâteau !
Défi agricole ensuite : les agriculteurs en colère bivouaquent non loin des échangeurs autoroutiers ; leur but est de perturber la circulation automobile afin d'attirer l'attention sur leurs problèmes (bien réels) et ça marche !
Plus de trois heures pour rejoindre notre objectif, le Pla de Béret, avec une fin de parcours agrémentée d'un superbe bouchon de 10 km entre Vielha et Baqueira ; il semblerait que nous n'étions pas les seuls à tenter d'aller chercher un peu de neige.
Nous faisons donc notre arrivée sur les coups de 10h30 au parking où curieusement il reste encore quelques places pour nos carrosses. Première bonne chose -inattendue- de la journée, nous chaussons les skis au parking ; et la caravane s'ébranle en direction du Tuc de Rosari. Tout va bien jusqu'à notre arrivée en vue des pentes finales : carrelage ou éboulis décapés par le vent, à nous de choisir ; un premier conseil de guerre s'impose et nous décidons de virer à babord pour nous dérouter vers le Cap de Vaciver. Il y trône bien un téléski mais il est à l'arrêt, et surtout nous sommes attirés par la superbe pente sommitale exposée plein Sud et qui semble en neige parfaitement revenue, autant dire de la moquette.
Une bonne partie du groupe a donc le plaisir d'arriver au sommet et de trouver effectivement du très bon ski de printemps, le ski facile, celui où on a l'impression d'être un bon skieur ! La suite de la descente s'effectue pour tout le monde sur des pistes désertes et nous voilà de retour assez vite aux voitures.
Il faut maintenant changer de parking et rejoindre celui le plus près de Montgarri ; mais là, plus de neige pour rejoindre le refuge qui est à plus de 5 km et 200 m plus bas ; un nouveau conseil de guerre s'impose : la course envisagée le lendemain semble partiellemenent déneigée et nous décidons de descendre dormir au refuge de Montgarri à pied, les skis resteront dans les voitures et nous les récupèrerons demain pour tenter le Tuc de Parros.
Le site de Montgarri est superbe et notre arrivée à la nuit tombante ne manque pas de caractère. Le gîte est agréable et nous devrions y passer 2 nuits, mais pour y faire quoi ? Les objectifs prévus par Colette ne sont pas en conditions faute de neige... Un troisième conseil de guerre s'impose à nouveau : l'idée de changer d'objectif et de trouver un autre hébergement serait séduisante, cependant nous sommes douze et il faudrait trouver pour le lendemain...
Mais Patricia nous sort sa botte secrète, le "coup de fil qui tue" : 30 secondes plus tard, nous avons un hébergement à Salardu pour 12 personnes en demi-pension. Le moral remonte en flèche et nous pouvons nous attabler le cœur léger et l'âme sereine pour déguster "l'agneau de Montgarri" bien connu dans le petit monde des randonneurs pyrénéens.
Puis vient l'heure du dodo : notre dortoir pour douze a la particularité d'être plus haut que large ; en effet l'architecte a tiré partie d'une bonne hauteur sous les toits pour faire tenir 12 couchettes dans 12,5 m2. Donc, sur trois niveaux, ça passe ; et même quatre puisqu'une participante -dont je tairai le nom- a prétendu (après un interrogatoire serré) avoir bien dormi à même le plancher... Donc, nuit correcte avec une absence notable de ronflements ; tout se perd..
Le lendemain, les 5 km de remontée vers le parking ne sont qu'une simple formalité (malgré la présence sur la pistes des quelques plaques de glace sournoises) et nous chaussons à nouveau les skis à la voiture.
Mais il fait chaud et le Cap de Closos est bien loin ! Nous décidons de stopper là, le Parros aura l'honneur de notre visite une autre fois ! La vue est belle, l'air est calme et le casse-croûte est bon, c'est ça aussi le ski de rando...
Trois irréductibles en profitent quand même pour faire un peu de rab' : 200 m de dénivelé de plus sur une neige estampillée "3 étoiles Saint Maclou", ça ne se refuse pas ! Donc, superbe descente jusqu 'au parking du Pla de Béret.
Le soir nous découvrons notre gîte : magnifique vieille maison pleine de charme avec des airs de musée ; les plus vieux d'entre-nous y ont même reconnu leurs vieux skis à fixation à cable, le standard du début de la deuxième moitié du 20ème siècle. Seul défaut de la maison : des planchers en pente qui nous ont dissuadés de jouer aux billes... Pour les amateurs, il s'agit du refuge Rosta à Salardu, pas cher, très bon repas.
Le lendemain, nous montons en voiture au col de la Bonaigua à 2080 m, nous sommes quasiment sûrs d'y trouver de la neige et de chausser à la voiture. C'est le cas mais un petit vent d'Est assez insistant nous incite à ne pas y traîner. La neige est très dure dans ce versant encore à l'ombre et la plupart d'entre-nous mettent les couteaux, puis bientôt les crampons pour gravir une pente bien raide. Ce sera l'occasion de tester son aisance et son matériel, exercice pas inutile pour certain(e)s qui finissent avec un seul crampon, l'autre étant déréglé...
Les trajectoires ont divergé devant ce mur mais nous finissons par tous nous retrouver au pied de la raide pente finale du Tuc de la Llança ; là encore les techniques divergent : une petite moitié du groupe monte les skis jusqu'au sommet mais l'équipe s'y retrouve au complet, malgré quelques ultimes mètres un peu aériens. Il fait continuellement beau en Janvril et le paysage est vaste, du Pic du Midi aux sommets de la Haute Ariège en passant par l'Anéto et le Mont Valier.
Superbe descente des pentes terminales en neige de printemps parfaitement revenue, l'air raréfié de l'altitude a résonné de quelques cris de joie. La fin de la descente se fait sur les pistes de ski mais comment faire autrement avec ce manque de neige chronique ?
Puis c'est le traditionnel "pot" au bar du col ; nous sommes contents d'avoir "sauvé le WE" malgré les diverses adversités (pas assez de neige sur les montagnes, trop d'agriculteurs sur les routes, etc...) et ce dernier verre fait partie des "incoutournables" de toute sortie du CAF qui se respecte.
Tout le monde est heureux autour de la table, avec des images et des souvenirs qui commencent à s'ancrer dans les mémoires ; n'est-ce pas là l'essentiel ?