Carnet de route

La Haute vallée glaciaire de L'Oetzal ( Autriche)

Le 03/05/2025 par CHARBONNEAU PHILIPPE

Oetztal

        Une organisation au top, une très bonne équipe (dont un guide), du beau temps, il n'en faut pas plus pour réussir un raid de 6 jours en Oetztal !

         Le séjour commence par un long voyage en minibus (1200 km, 13h)mais en se relayant au volant, la pilule passe plutôt bien ! Après une nuit de repos dans un hôtel et surtout un petit déj' grandiose, il ne nous reste plus que 2 heures de route pour arriver à Vent (Autriche), notre point de départ. L'organisation sans failles de Philippe a prévu que nous pourions laisser nos affaires  "de ville"  dans l'auberge qui nous accueillera à notre retour.

         Vers midi, c'est le vrai départ, skis aux pieds devant l'auberge pour une longue montée (surtout à cause de la distance) au très confortable refuge Martin Busch. Fin d'après-midi tranquille à réviser quelques manips d'encordement sur glacier avec Rémi (notre guide), puis c'est le rituel à peu près incontournable dans tout refuge autrichien qui se respecte : bières, apéro, repas.

         Ce n'est que le lendemain que les choses sérieuses commencent : nous visons notre premier sommet, le Similaun (3606 m). Ozti, la momie d'un chasseur-cueilleur agé de 5000 ans et  découverte émergeant d'un glacier il y a quelques dizaines d'années, ça vous parle ? Et bien c'est ici. Il fait très beau mais froid , les arêtes et sommets fument : le vent soufle en altitude, ce qui se confirme quand nous abordons le col frontalier vers 3000 m où est installé le refuge Similaun ; le vent du Nord entretient un froid glacial à grands coups de rafales autour de 80 km/h ; nous reportons l'assaut final de quelques heures, à l'abri dans le refuge, espérant que le vent se calme un peu... Nouveau départ en début d'après-midi : il ne reste que 600 m dont 150 m en crampons sur l'arête finale, facile et en bonnes conditions. Curieusement, très peu de vent au sommet ce qui nous permet de contempler un panarama grandiose, de la Bernina aux Dolomites en passant par le massif de l'Ortles, une grande partie des Alpes orientales sous nos yeux.

         Quelques bonnes portions de la descente sont en bonne neige poudreuse mais il faut rester concentré, le vent a rendu la neige parfois changeante... Retour au refuge bien sympathique : confort, chaleur, apfelstrudels, bières, bon repas, alors qu'au dehors le vent ne faiblit pas.

         Le 3ème jour, le sommet convoité (Finailspitze, 3514 m) nous échappe à cause du vent. D'ailleurs un de nos skis en profite pour décoller, mais heureusement atterrir dans une petite dépression  50 m plus bas où Rémi n'a plus qu'à descendre (si j'ose dire...) le récupérer ; merci Rémi ! Nous nous déroutons sur un autre sommet, le Saykogel (3355 m) avec encore une jolie arête finale en crampons. Après une belle descente en bonne neige de 800 m, il ne reste plus que 200 m pour remonter au refuge Bella Vista qui comme son nom l'indique est situé en Italie, à 2 pas de la frontière. Encore un refuge très agréable, avec une mention particulière pour les douches et les toilettes qu'on pourrait qualifier de "panoramique " grâce à de larges fenêtres qui donnent sur les montagnes environnantes ! Mais n'oublions pas l'Apfelstrudel du goûter...

         4ème jour, une plus grosse mission nous attend : un premier petit col en apéritif, suivi d'une descente dans un couloir raide encore un peu croustillant et assez exposé, avant une longue remontée d'un glacier plutôt débonnaire mais néanmoins très estéthique vers le sommet du Weisskogel (3738 m). Nous avons le vent de face (un vent catabatique qui descend des hauteurs du glacier) et le temps se gâte un peu ; belle ambiance sur la pente raide finale (difficilement skiable aujourd'hui, nous finissons en crampons). Longue descente facile sur le glacier mais la mauvaise visibilité et un peu de jour blanc ne facilitent pas les choses. Nous prenons la mesure de l'Oetztal aujourd'hui : les glaciers sont immenses, peu crevassés mais le retrait glaciaire se fait bien sentir ici aussi ; il faut quitter le glacier par un passage un peu chaotique (voire ludique diront certains!) mais où la chute est interdite. La suite est effectivement plus ludique mais il reste quand même 100 m skis sur le dos pour remonter à l'Hochjoch Hospitz où nous allons passer 2 nuits.

         5ème jour : belle balade en A/R et sans gros sacs vers le Flutchkogel (3494 m); il fait beau mais le vent (toujours aussi catabatique) balaye les calottes glaciaires et les grands glaciers qui en coulent, et en particulier -semble-t-il- celui où nous nous élevons lentement... A cause du vent, courte pause au sommet et c'est durant la descente que nous pouvons le plus apprécier l'endroit où nous sommes : c'est en effet un privilège rare de pouvoir descendre un long glacier en pente douce, les mains dans les poches en admirant  le paysage... Aussi un peu de bon ski plus bas sur une neige quasi printanière, la pente exposée Sud Est ayant eu la bonne idée de décailler un peu.

         6ème jour : il fait moins froid aujourd'hui et il y a même des moments où on a presque chaud, sensation bien agréable et un peu oubliée ces derniers temps! Encore une belle étape qui en traversant 2 sommets (le Saykogel, déjà fait le 3éme jour, et le Hauslabkogel, 3402 m) nous permet de rejoindre le refuge Martin Busch. Du très bon ski aujourd'hui avec une pente un peu raide sous le Saykogel, puis la très belle face en bonne neige du Hauslabkogel, un peu de poudre, un peu de transfo, cocktail gagnant en ski de rando ! Il ne reste plus qu'à descendre une longue piste qui nous permet (après un nombre considérable de déchaussages plus ou moins longs) de retrouver notre auberge à Vent.

         Dernière très sympathique soirée au resto où un débriefing (essentiellement à base de bière) s'impose ; la pression (je ne parle pas de bière...)  descend d'un cran, les souvenirs en profitent pour remonter ; c'est le moment des échanges agréables entres participants qui découvrent avec émotion qu'ils forment aussi une équipe. Nous savons que nous avons vécu des moments exceptionnels et qu'il va falloir redescendre, retourner vers la vie ordinaire, et nous quitter. Mais heureusement, il reste encore 1300 km à parcourir ensemble serrés dans le minibus, il y aura de la chaleur humaine, et aussi quelques odeurs humaines, nos chaussures de skis voyageant malheureusement  avec nous !

Francois Goyon







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