Carnet de route

RANDONNEE AU PIC, MAUDIT (?)
Sortie : Pic Montagnon (1973 m) du 28/05/2023
Le 28/05/2023 par ALAIN HATTE
Pour la deuxième fois de l’année, j’avais mis au programme l’ascension du Pic Montagnon.
La première tentative hivernale en raquettes, s’était soldée par un échec en raison de difficultés techniques rencontrées par des participants.
La beauté du paysage, l’agrément du parcours et la vue au sommet, m’avait incité cependant à la proposer à nouveau, sans neige, pour permettre aux cafistes intéressés de découvrir cette belle randonnée qui méritait d’être parcourue.
Mais cette fois, ce furent les éléments naturels hostiles qui mirent fin à cette sortie qui s’apparenta alors plus à une expédition commando qu’à une paisible balade bucolique…
Pourtant tout avait bien été programmé par l’organisateur qui, confiant dans le bulletin météorologique de Météo France prévoyant un temps doux, sec et nuageux le matin avec un risque d’orage dans l’après-midi, avait programmé un rendez-vous matinal à Lourdes, à 7 heures, pour un départ de randonnée à 8 heures.
Tout avait également bien commencé avec des participants au nombre de quatre (Angelo, Louis, Nadine, Xavier) dont la ponctualité permettait un départ de Lourdes à l’heure prévue.
Cependant sur la route, un moustique tigre qui s’était dissimulé dans la voiture, agressif et certainement vecteur du chikungunya et de la dengue, affamé et assoiffé du sang précieux de montagnards vigoureux, commença une sarabande infernale dans l’habitacle.
Le copilote, désireux par vocation de préserver la santé de ses compagnons, entreprit alors de sauver l’équipage d’une mort certaine. Le moustique s’étant posé sur le nez du pilote, ce « bienfaiteur de l’humanité », écrasa alors l’insecte nuisible en assénant, une claque sèche et vigoureuse sur l’appendice nasal du conducteur.
Ce dernier, surpris par la violence de ce coup pourtant habile et bien intentionné, donna alors des coups de volants désordonnés avant de reprendre quelques secondes plus tard ses esprits évitant ainsi de peu, que la voiture (et ses passagers !) ne parte en tonneaux dans le gave de Pau….
Cette péripétie étant vite oubliée, c’est comme prévu à 8 h que nous commencions, avec un bon rythme de marche imposé par les prévisions météorologiques, la montée vers le Montagnon.
Cinquante minutes environ plus tard, nous atteignîmes la cabane des Bordes, nous permettant ainsi d’envisager une arrivée au sommet avant 11 heures et un retour à la voiture vers 13 heures.
C’était sans compter le courroux de Zeus qui, jaloux de notre ardeur et désireux de garder son sommet vierge de toute intrusion humaine, rendit le ciel menaçant et noir comme l’ébène. Devant notre détermination à poursuivre notre marche, il commença alors à faire tomber une pluie de plus en plus drue sur le courageux groupe de marcheurs, transformant progressivement le sentier en un torrent boueux, entrainant plus d'un, dans une chute mémorable.
Mais il en fallait plus pour arrêter le valeureux groupe !
N’arrivant pas à nous stopper il se déchaina alors en lançant sur les sommets voisins, des éclairs inquiétants, accompagnés de grondements assourdissants, nous obligeant ainsi à interrompre notre progression et à battre en retraite après seulement 675 mètres de montée.
Dans une rage sauvage, il envoya ensuite, pendant près d’un quart d’heure, une pluie de grêlons de la taille d'un œuf de pigeon (selon l'estimation d'un Marseillais), sur la tête sensible des téméraires et malheureux montagnards, de plus en plus pressés de descendre pour trouver un abri en forêt, loin de sa dangereuse ardeur…
C’est ainsi que trois heures après notre départ, nous étions déjà de retour à la voiture, copieusement rincés de la tête aux pieds et heureux d’avoir survécu à son courroux !
Vers 11 h 30 nous étions à nouveau de retour sous le soleil, dans un havre de paix, à Louvie-Juzon, et c’est dans le bar local que, devant un chocolat chaud et bienvenu, nous prîmes le temps de nous réchauffer et de nous sécher un peu.
Puis nous reprîmes notre route dans un trajet où les discussions courtoises, politico-philosophico-religieuses qui auraient eu toutes leurs places dans une émission de Jacques Chancel, allèrent bon train.
Nous nous séparions finalement à Lourdes, tous heureux d’avoir entrepris cette aventure épique et mené ce combat courageux contre les éléments déchaînés.
Encore une randonnée qui restera dans les mémoires !