Carnet de route

En ce 1er weekend d'octobre 2021, cinq jeunes cafistes, désireux de tripoter leur quincaillerie pendus au bout d'une corde, se retouvent autour d'un café à Sarrancolin le samedi en début de matinée. Le projet qui réunit les 5 participants (Marc Viala, Yvan Roure, Eric Gerardin, Etienne Briard, Jordan Desroches) au stage et leur guide (Jeff Loaec) consiste à redonner un coup de jeunesse à quelques voies d'escalade du Cap d'Aou et permettre à un plus large public de venir accrocher leur doigts sur le magnifique calcaire de ce coin de la vallée d'Aure. Il sera aussi question de purge et d'élagage. L'objectif de ce rassemblement concerne plus le perfectionnement d'une pratique de cordiste qu'une pratique sportive, bien que le rééquipement de voies ne soit pas dénué d'effort physique loin de là. Pour que les moins expérimentés de l'équipe mettent le pied à l'étrier, l'organisation du weekend prévoit l'ouverture de voies d'une longueur le samedi dans un secteur encore vierge et le rééquipement de voies du Cap D'aou aux protections vieillissantes pour le dimanche. Pour optimiser le bénéfice de la journée pour les stagiaires, notre guide a pris soin de préparer le terrain quelques jours auparavant. Il a installé une main courante, quelques points d'assurage en haut de la paroi et une corde fixe déjà en place pour donner les premières explications concernant l'évolution de l'ouvreur sur la corde et l'utilisation de ses outils. Cette activité étant différente d'une escalade classique, l'ouverture de voies implique de prendre quelques précautions particulières pour assurer sa sécurité, notamment en veillant à ce que la corde sur laquelle l'ouvreur évolue ne subisse pas de frottements répétés au même endroit au risque de rapidement la cisailler. Ceci étant pris en compte, il est question d'installer le relais et les points d'assurage des futures voies. L'association de mulitples facteurs est ensuite à méditer pour poser rigoureusement chaque goujons et plaquettes. Il faut positionner et adapter l'écartement des points de manière à minimiser les chutes au sol ou sur les vires, repérer les emplacements optimaux pour favoriser les chutes de grimpeur vers le vide et non vers la paroi en préférant les proéminences de la paroi plutôt que les renfoncements tout en veillant à éviter d'installer un point qui mettrait en porte-à-faux le mousqueton de la dégaine. Chacun des cinq participants concentré sur son projet évalue à vue d'oeil, monte et descend sur la corde pour tester les prises et les mouvements. On sonde le rocher avant de percer, tapoter du marteau pour insérer le goujon et enfin visser l'écrou pour fixer la plaquette de manière à aligner l'axe du goujon et la dégaine.

Nous découvrons le plaisir de faire naître un itinéraire sur lequel les grimpeurs pourront dépenser leur énergie et éprouver leur nerfs, développer leur technique et profiter des mouvements que le rocher les invite à réaliser. Après quelques purges plus ou moins impressionnantes, et quelques vires et fissures nettoyées de la végétation, nous inaugurons les voies en leur cherchant un petit nom et en enchainant les mouvements vierges de toutes patines. Les doigts subissent les arêtes saillantes du crépis calcaire où la lecture des prises peut être corsée.

Un 6a ici un 6b+ là, et après qu'un compaire de notre guide nous rejoigne et que Jordan n'en finisse plus de brosser et de rebrosser les fissures de sa voie, nous nous en allons avec en tête l'idée de revenir faire un tour ici pour poursuivre sur cet élan d'artisan ouvreur. 

Les conditions météo du dimanche étant plutôt médiocre, nous n'aurons probablement pas beaucoup plus de temps que la matinée pour aller rééquiper les voies ouvertes par Pascal RAVIER. Nous nous donnons donc rdv à 8h au parking forestier avant de rejoindre d’un pas décidé le pied des rappels. Le ciel est gris, nous n’avons pas de temps à perdre si l’on ne veut pas rentrer trop trempé. Nous partons à deux cordées de 3 et nous répartissons sur deux voies différentes. Un premier grimpe en flèche jusqu’au relais d’où il assure les deux suivants : un qui perce et l’autre qui installe les points avec marteau et clé. Ceci à chaque longueur et le premier, plus statique que ses deux compagnons a bien le temps de percevoir l'arrivée du mauvais temps : le nuage qui prend du terrain et remonte la vallée et les pentes, le vent qui change, les premières gouttes qui humidifient le calcaire. Les rappels sont faits sous une pluie qui s’intensifie et qui nous encourage à aller débrifer et se restaurer dans la salle d’escalade de Beyrède d'où nous repartirons sous une pluie qui ne cessera de tomber sur la vallée jusqu'au soir. Week-end de rencontre bien agréable entre cafistes bigourdans et toulousains. A refaire ! (Etienne Briard)

 

Après le réquipement des cannes de Jeanne l'année dernière par Yvan et Francis, ce stage marque le début du renouveau de cette grande falaise au dessus de Sarrancolin. L'association Aure Vertical  qui oeuvre depuis un bon moment est bien reconnue dans la vallée par les autorités. Grâce à eux et à la municipalité qui souhaite développer l'escalade dans son territoire, une piste a été ouverte à la circulation: il est ainsi possible de réduire l'approche (15 à 20min) et de ne plus transpirer dans l'infâme pierrier bien connu. Nous aurons besoin des bonnes volontés pour tracer un sentier confortable vers le 20 novembre (date à confirmer). En effet, ce secteur possède un gros potentiel: les grandes voies en terrain d'aventure de 200m sont connues des amateurs de trad mais il est possible de créer de nombreuses couennes, de voies de 2 ou 3 longueurs.

D'autre part,  la FFCAM a lancé cette année des stages d'équipeur afin de se former et de constituer des équipes d'équipeur dans les massifs montagneux. Toutes les planètes étaient alignées pour investir cette falaise de Cap d'Aou. On souhaite donc une belle fréquentation et bien sûr la satisfaction des grimpeurs!