Carnet de route

Quand l'Arre sourit
Sortie : L'Arré Sourins (2614m) du 07/11/2021
Le 07/11/2021 par ALAIN HATTE
Ayant déjà fait seul en conditions hivernales et en raquettes, le sommet de l’Arre Sourins, en aller-retour depuis la station de Gourette, j’avais imaginé proposer aux cafistes, de faire, ce même sommet depuis Gourette mais en boucle en passant par la crête de la Pène Blanque, et en l’absence de neige !
En effet, les seules traces trouvées sur le net correspondaient à des traces d’été et les commentaires disaient déjà: « il faut rester vigilant sur la crête, la marque jaune est difficile à trouver et il ne faut pas avoir le vertige car il y a du gaz des deux côtés surtout au début en repartant du sommet pour rejoindre le pierrier qui redescend vers la station. Ce pierrier bien que relativement court demande de la concentration…Le couloir de descente est bien raide et peu accrocheur. »
C’est alors que, consternation ! (comme dirait Souchon), il se mit à neiger dans la semaine sur les sommets, transformant subitement cette randonnée montagnarde prévue, déjà exposée, en randonnée alpine engagée.
Cependant,
- après un appel rassurant au maire de Gourette, me parlant de seulement 1 cm de neige en station,
- après avoir sollicité les conseils des « anciens » du CAF de Tarbes, lors de la réunion du vendredi soir, et qui concluaient tous à seulement une vingtaine de centimètres de neige au sommet et à la seule nécessité, par précautions, de crampons et piolet,
- après avoir consulté le bulletin d’enneigement de Météo France qui donnait les mêmes hauteurs de neige, mais parlait toutefois de fortes rafales de vent à 70 km, de températures basses, et de précipitations prévues pour l’après-midi,
je décidais donc de maintenir cette randonnée prévue mais en prévoyant de partir tôt, de mener le groupe avec un train soutenu afin d’être au sommet avant 13 heures, objectif qui me semblait tout à fait réaliste, et d’amorcer sans tarder le retour vers la station.
Toutefois la veille du départ, lors d’un appel de Béatrice pour s’inscrire à la randonnée, le samedi soir à 19 h 15, j’appris qu’à 2000 m, ce même jour, sur le chemin vers le Lurien, elle s’enfonçait déjà jusqu’aux genoux rendant la suite de la montée impossible !
Je téléphonais alors, aux 4 inscrits pour leur demander d’emporter les raquettes !
Et bien nous en prit car, après un début de randonnée à 8 h 25 depuis Gourette, nous étions après seulement 150 m de dénivelé parcouru, obligés de chausser les raquettes pour faire la trace dans une neige poudreuse vierge qui atteignait jusqu’à 1 m 15 de haut !
Après avoir longé la face est du Pène Sarrière, nous arrivâmes au Lac d’Anglas. Nous avons monté ensuite une pente raide nous conduisant juste sous le Pic d’Anglas dont nous longeâmes la face nord pour parvenir enfin à l’Arré Sourins, qui nous accueillit souriant sous un soleil radieux mais avec un vent à décorner les bœufs et des rafales qui provoquèrent la chute de participants transformés en fétus !
Il était alors 12 h 45 mais nous n’étions pas au bout de nos peines puisque une autre nous attendait : la Pène Blanque avec sa crête impressionnante, parcourue sur sa longueur, d’une corniche trompeuse de neige ventée.
Et c’est avec appréhension, et parfois hésitation voire doute, que les courageux participants suivirent le guide téméraire qui traçait la voie sur cette crête peu engageante, balayée par un vent glacial et violent.
Tous furent soulagés d’arriver au bout de ces 900 m de crête, et c’est alors que la dernière difficulté de la randonnée nous guettait comme un bouquet final : la descente d’un couloir court de 150 m, de neige et de roches, mais avec une pente respectable de 70 % que mes compagnons d’aventure descendirent aussi vaillamment que prudemment !
Un sentiment de délivrance nous habitait quand nous rejoignîmes enfin nos voitures, peu avant 18 h, rassasiés (pour ne pas dire saturés) d’émotions après cette magnifique randonnée hors du commun qui nous aura tous fait sortir bien au-delà de notre zone de confort !!!
Une bière salutaire bue à Laruns, permit à chaque valeureux « guerrier », un retour au calme, avant de retourner dans ses pénates, fourbu après 9 heures de marche, mais heureux d’avoir accompli ce dépassement personnel qui caractérise le montagnard intrépide.